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Le fabuleux destin d’Hendaia Film Festival
Par Elizabeth Anscutter

Cette année, pour sa 7e édition et dans une ambiance particulièrement joyeuse et animée, Hendaia Film Festival a emmené plus de 900 élèves des maternelles, primaires et secondaires d’Hendaye au cinéma. Pendant deux jours, ils ont été sensibilisés au travail de création et réalisation des courts métrages et de leurs musiques.
L’un des objectifs du festival était de faire découvrir à ces enfants une salle de cinéma, ce qui, pour les plus petits d’entre eux, était une première. Le deuxième était de leur présenter des films courts aux sujets aussi divers que possible et choisis parmi un large panel proposé par l’Agence du court métrage. Enfin, de leur donner quelques clés et axes de réflexions sur les métiers liés au cinéma, dont la musique de film.
Le téléphone a sonné, j’ai décroché, une voix avec un accent basque a résonné : « Elizabeth, si vous l’acceptez, cette mission est pour vous. Milesker* et Agur*. ». Hop ! Me voila dans un TGV dangereux, entre les rails qui flanchent et le mur de l’Atlantique des grèves…. Je m’égare.
J’arrivais à Hendaye sans encombre, accueillie comme il se doit par une équipe sans peur ni reproche, avec la joie de retrouver Jean-François Tifiou, président de l’association HFF, Dominique Ladoge, président du jury composé de Cyrielle Balerdi, Helena Bengoetxea, Olivier Rabourdin et Bernard Debord. Un Patxaran* sans alcool, et j’attaquais la mission.
Avant chaque première projection, je parle du dispositif cinématographique : qu’est-ce qu’un court métrage ? Comment le film parvient-il sur l’écran ? Qui projette les films ? Et du côté de la salle, les questions fusent ! Les enfants sont étonnés du nombre de personnes figurant au générique de fin : « Il y en a tellement ! Ils ont vraiment tous travaillé pour le film ? Mais alors…ça représente combien de métiers ? », suivi d’une discussion sur toutes les professions liées au cinéma, en commençant par les trois auteurs du film : scénariste – réalisateur – compositeur.
Après les côtés techniques, j’aborde l’aspect musical : qu’est-ce qu’une bande sonore ? Avez-vous entendu la musique ? Des noooon rugissent, comment ça non ??? Vous n’avez pas entendu de musique ? Siiii… me voila rassurée. Les enfants sont particulièrement réceptifs et impactés par les émotions, il est important de leur expliquer le fonctionnement de musiques créées tout spécialement pour l’image afin qu’ils soient capables de commencer à la décoder. Alors… elle était comment cette musique ?
Puis le débat s’engage autour des questions : ce court métrage aurait-il été le même sans les musiques qui l’accompagnent ? Faut-il une musique qui fasse rire dans un film de comédie ? Une musique triste sur la scène d’un personnage qui pleure ? Comment et pourquoi concevoir une musique qui fait peur ? C’est quoi, un compositeur de musique de film ?
A la fin des 2 jours, avec les retours enthousiastes, les enfants, les accompagnateurs et professeurs ravis, je suis adoptée ! Je peux attaquer un Patxaran avec alcool, c’est quand même meilleur. A la prochaine !
*1 : Merci
*2 : Aurevoir/Bonjour
*3 : alcool de prunelle sauvage à l’anis
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INTERVIEW de Christophe JULIEN
photo : Lam Duc Hien
UCMF : Après le prix UCMF en 2018, vous recevez le grand prix Sacem de la musique à l’image 2019, comment vous sentez-vous ?
C.J. : C’est un très grand honneur de recevoir ce grand prix Sacem de la musique à l’image. Il n’est pas seulement décerné pour un film , mais pour l’ensemble des partitions que j’ai pu composer pour le cinéma. Et cela me touche beaucoup. C’est aussi s’inscrire dans une lignée de compositeurs dont j’admire beaucoup le travail.
UCMF : Quels sont vos projets pour cette année ?
C.J. : Plusieurs longs métrages sont en post production à ce jour. En janvier 2020 sera créée ma Symphonie n°1 « Au revoir là haut » pour orchestre symphonique, et je suis également en finition d’un album réunissant des artistes chanteurs anglais et australiens, dont j’ai entièrement composé la musique, et qui sortira sous mon nom dans quelques mois.
UCMF : De plus en plus de festivals donnent un prix de la meilleure musique originale, sauf Cannes, qu’en pensez-vous ?
C.J. : Nous viendrons à une palme d’or au festival de Cannes pour la musique de films. Ce n’est qu’une question de temps.
UCMF : Que pensez-vous de la jeune génération de réalisateurs, travaillent-ils différemment avec les compositeurs ?
C.J : La nouvelle génération de réalisatrices et réalisateurs est passionnée de musique, du moins toutes celles et ceux que je rencontre. Et donc la création de partitions de musique originale pour leurs films se fait beaucoup dans l’enthousiasme et l’échange.
UCMF : En quoi le cinéma a t-il changé ces dernières années en terme de production de musique de film ?
C.J. : La technologie est au coeur de notre métier mais également un outil incroyable pour la création. Nous avons beaucoup de chance je trouve, même si j’adore écrire ma musique sur le papier également. Les productions demandent souvent des maquettes précises et fidèles à la partition définitif, pour la recherche des émotions et synchronisations aux images, et nous avons le moyens de répondre à cela. C’est formidable!
Propos recueillis par Elizabeth Anscutter pour l’UCMF
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CRÉAMUSIC FESTIVAL : FOCUS #1 PREMIER DÉBAT


https://www.creamusic-sync.com/festival/
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Sunny Side of the Dock
Yves Janneau, président de ce marché du documentaire, est décédé ce vendredi 15 novembre 2019. Il nous avait accueilli comme partenaire pendant 3 ans et nous déplorons sa perte, survenue bien trop tôt.
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